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La relocalisation de la production de médicaments en France est un sujet de plus en plus discuté, notamment en raison des défis posés par la mondialisation et la pandémie de COVID-19. En 2020, selon une étude récente de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), environ 80% des médicaments consommés en France ont été importés, soulignant la dépendance croissante du pays vis-à-vis des importations de médicaments. Cette dépendance expose la France à des risques significatifs en cas de crise sanitaire majeure. Néanmoins, la relocalisation de la production représente un investissement conséquent, tant sur le plan de la main-d’œuvre que des technologies, et suscite des préoccupations quant à son empreinte carbone.
Pourquoi relocaliser la production de médicaments en France ?
La relocalisation de la production de médicaments en France présente plusieurs avantages. Tout d’abord, elle renforcerait la sécurité sanitaire du pays, réduisant sa dépendance vis-à-vis d’autres nations et lui permettant de mieux faire face à des crises sanitaires majeures. De plus, elle favoriserait la création d’emplois dans le secteur pharmaceutique, qui emploie actuellement près de 100 000 personnes en France. Enfin, elle contribuerait à renforcer la souveraineté du pays dans le domaine de la santé. Néanmoins, ces initiatives peuvent également être entravées par des contraintes administratives, des décisions politiques complexes et des marges de manœuvre limitées pour les acteurs de l’industrie pharmaceutique.
Pour faciliter ce processus de relocalisation, le gouvernement pourrait envisager plusieurs mesures, telles que des investissements accrus dans la recherche et le développement de nouveaux médicaments, des incitations financières pour les entreprises pharmaceutiques relocalisant leur production en France, ainsi que des simplifications des réglementations en vigueur. Une coopération renforcée avec d’autres pays au sein de l’Union européenne pourrait également contribuer à garantir un approvisionnement stable en médicaments.
Lire la tribune – Pénuries de médicaments : « Le temps est venu de privilégier le made in Europe » de la députée européenne Nathalie Colin-Oesterlé
Cependant, une tendance inquiétante est observée quant à l’abandon de la production de médicaments essentiels. Au cours des dernières années, les pénuries de médicaments ont considérablement augmenté, en raison de divers facteurs tels que l’augmentation de la demande mondiale, la délocalisation de la production, et la priorisation par les entreprises pharmaceutiques des médicaments considérés comme plus rentables. Cette tendance a eu un impact significatif sur la disponibilité des médicaments essentiels en France.
Relocaliser la production de médicaments en France. Oui, mais comment ?
Face à cette situation, le Président Emmanuel Macron a proposé en juin 2023 une série de mesures visant à encourager la relocalisation de la production de médicaments en France. Ces mesures comprennent un investissement de 1,5 milliard d’euros dans la production locale, des incitations financières pour les entreprises impliquées, ainsi qu’une simplification des réglementations en vigueur. Bien que ces propositions aient été saluées par les professionnels de la santé, certaines préoccupations persistent quant à une éventuelle augmentation des prix des médicaments, ce qui pourrait affecter l’accès aux soins de santé pour certains groupes de la population.
Dans une interview récente, le Ministre de l’Industrie, Roland Lescure, a souligné l’importance de prendre des mesures pour agir sur les volumes de médicaments en plus des prix, soulignant que l’industrie pharmaceutique joue un rôle crucial dans la souveraineté sanitaire de la France. Le gouvernement a également pris des mesures pour limiter les prélèvements sur le secteur pharmaceutique, dans le but de préserver sa croissance et sa compétitivité internationale.
Les soubresauts des producteurs de médicaments
Des signes encourageants de relocalisation de la production de médicaments en France sont déjà visibles à travers des initiatives concrètes dans certaines régions du pays.
Par exemple, dans la région Auvergne-Rhône-Alpes, l’ex-usine Famar à Saint-Genis-Laval (Rhône), reprise par le groupe libanais Benta en 2020, prévoit la production de six nouveaux médicaments, dont des génériques d’anticoagulants, d’anxiolytiques et de diurétiques, comblant ainsi des lacunes de production qui s’étaient créées au fil du temps.
De même, en Isère, le groupe Seqens a annoncé en juillet 2021 son intention de fabriquer du paracétamol à Roussillon, marquant un retour à la production de ce médicament après plus de 10 ans d’absence en Europe. En outre, Thermo Fisher Scientific (Patheon) a récemment inauguré un centre de recherche sur le médicament à Bourgoin-Jallieu, tandis que Skyepharma et Maat Pharma se sont engagés à produire conjointement de nouveaux médicaments à Saint-Quentin-Fallavier, contribuant ainsi à tisser un réseau de production pharmaceutique en France. Ces initiatives témoignent d’une tendance positive vers la relocalisation de la production de médicaments, soulignant l’engagement croissant de certaines entreprises à renforcer la capacité de production nationale.
Bien que ces initiatives représentent un pas important vers la relocalisation de la production de médicaments en France, il existe encore des obstacles significatifs à surmonter, tels que le coût élevé de la recherche et du développement, la longue durée du processus de développement d’un nouveau médicament, ainsi que la concurrence internationale dans le domaine pharmaceutique.
La question du bilan carbone de la production de médicaments
La relocalisation de la production de médicaments en France présente des avantages considérables pour la sécurité sanitaire et l’économie du pays. Cependant, la réalisation de ces objectifs nécessitera une stratégie réfléchie et un engagement à long terme de la part du gouvernement et des acteurs de l’industrie pharmaceutique. Des mesures importantes ont déjà été prises par certaines entreprises pour relocaliser la production en France, ce qui constitue une avancée positive dans ce processus.
En ce qui concerne la question environnementale, le secteur de la santé en France contribue de manière significative aux émissions de CO2. Des plans de décarbonation ont été proposés par le syndicat des entreprises du médicament en France, visant à réduire de manière significative les émissions de CO2 directement liées à la production et à la consommation de médicaments d’ici 2030. Il y a encore à faire pour parvenir à la neutralité carbone… y compris lorsque le besoin de relocalisation est immense.
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